Ulaanbaatar - Mongolie
Projet
État de la situation
La Mongolie est une ville où le mode de vie nomadique était très présent. Les familles se déplaçaient jusqu’à 20 fois par an avec leurs bétails selon les saisons et l’abondance de végétation dans les villes. La liberté de mouvement est en fait la base de leur bien-être.
Dans les années 1990, le gouvernement cessa de contrôler le marché des troupeaux. Ainsi, le nombre d’élevages d’animaux a considérablement augmenté jusqu’à en saturer le marché et à réduire la rentabilité de la vie d’éleveur. En réponse à cette crise, des dizaines de milliers de bergers se déplacèrent vers Ulaanbaatar. Pour contribuer à ce mouvement d’exode rural, un hiver très dur de 2010 a tué plus de 8,5 millions de bêtes. Encore une fois, plusieurs ont quitté pour la ville de sorte à trouver du travail dans les industries du charbon, du cuivre et de l’or.
Puisque la capacité du centre urbain était déjà à son apogée, les habitants s’installaient en périphérie d’Ulaanbaatar, dans les districts des Gers. Ceux-ci sont en fait des habitations traditionnelles de campagnes. Le territoire habitable à proximité d’Ulaanbaatar est plutôt restreint, dût entre autres, à l’importante topographie. Les Gers sont donc très rapprochés et très pollueurs, puisque plusieurs utilisent le charbon pour se chauffer à l’hiver. En plus de représenter les zones les plus pauvres de la ville, ils produisent jusqu’à 80% de la pollution atmosphérique d’Ulaanbaatar. En plus de l’air malsain, il n’y a pas d’électricité, pas d’eau courante, pas d’eaux usées et pas de collecte des ordures. Les habitants des Gers ne bénéficient que de peu d’espaces verts et les routes sont de piètres qualités. Les conditions de vie sont tellement mauvaises que les gens commencent à quitter la ville pour retourner à la campagne, qu’ils fuyaient, ou l’air est plus pur.
Les montagnes comme limite d’expansion de la ville, Photo provenant de l’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR)
Description du projet
Après avoir permis un étalement urbain incontrôlé pendant des décennies, le plan directeur d’Ulaanbaatar prévoit un développement de la région urbaine et des districts des Gers. Tout commence par le développement de villes satellites autour d’Ulaanbaatar qui seront toutes reliées à la capitale pas un réseau de transport en commun efficace. L’implantation d’une limite de croissance urbaine autour du district des Gers permet de limiter voire même d’empêcher son expansion. Enfin, de sorte à réduire l’utilisation de la voiture, les services sont décentralisés dans les régions polycentriques plutôt que dans un seul noyau.
La vision du plan directeur de Ulaanbaatar 2030 propose de faire d’Ulaanbaatar une capitale qui respecte l’héritage nomadique, qui valorise ces caractéristiques géographiques tout en étant une ville intelligente au caractère mongol unique.
« Ulaanbaatar sera une ville verte, sécuritaire et humaine en plus d’être résiliente aux changements
climatiques. »
« Ulaanbaatar encouragera le développement des colonies de peuplement, des villes et des villes satellites à
l’extérieur du centre-ville. »
Les 7 stratégies du plan directeur :
-
Décentraliser les unités administratives
-
Introduire une méthode de zonages
-
Améliorer et étendre le réseau de transports
-
Améliorer l'état actuel de l'infrastructure socio-économique
-
Repenser les zones d’habitation
-
Améliorer les infrastructures de base (services publics)
-
Établir une gestion environnementale durable.
Décentralisation du centre urbain, par les auteurs
Centre urbain existant, par les auteurs
Dans son ensemble, le plan d’aménagement de la ville proposera des bâtiments de grande hauteur, qu’on retrouve déjà dans le centre urbain existant, jusqu’aux complexes de faible hauteur plus en périphérie. À terme du projet, les logements que l’on retrouve présentement dans les Gers se verront transformés en appartements de grande et moyenne hauteur ainsi qu’en habitations peu élevées ou de moyenne taille, eux aussi, connectés, ou partiellement, au réseau de transport en commun. Il est plutôt peu probable qu’un grand nombre de résidents du district des Gers ne signent ou n’accepte de céder leur terrain pour ensuite être relocalisé dans des immeubles. Le Ulaanbaatar Village souhaite en fait montrer une vision alternative et de prouver que malgré le fait qu’ils perdent leur terrain, il se retrouve dans un village desservi par des services, qu’ils auront une meilleure qualité de vie et qu’ils conserveront tout de même leur mode de vie nomadique.
Ulaanaabatar est une ville désespérée d’avoir de l’air pur, des énergies vertes ainsi qu’une population en bonne santé et elle est prête à tout pour y parvenir. Le Ulaanbaatar Village a donc de bonnes chances d’être le modèle de développement pour le reste de la région.
Ulaanbaatar Village
Clients : Mongolian National Amusement Park
Firme : Practice for Architecture and Urbanism (PAU) studio
Proposition du Ulaanbaatar village, perspective par PAU studio (2019)
Être citadin, c’est aussi être nomade, comme le veut la tradition du flâneur. Les modes de vie, autant urbains que ruraux sont centrés sur la liberté, l’autonomie et l’autodérision dans le but de refléter le plus possible les racines nomades du pays ainsi que la culture mongole. Pour la communauté mongole, le mouvement et la liberté sont plus importants que le matériel, et ce, dans le but d’offrir la même indépendance, en ville, que celle qu’elle leur procure la nature. Le but n’étant aucunement de faire un projet de luxe, le plus grand souhait est de répondre aux besoins ainsi qu’aux aspirations des habitants de la ville. L’esprit du projet se veut mongol, par exemple, ce qu’il sera vendu dans les commerces se veut très local (du lait, des peaux et d’autres articles familiers et locaux).
Situé sur un site de 17 acres, à proximité d’un parc d’attractions à Ulaanbaatar. Le projet ce veut être destiné au style de vie mongol. Au cœur d’Ulaanbaatar, la proposition suggère un nouveau mode de vie, de travail, de culture, de commerce et même de divertissement qui reflète la beauté du peuple mongol tout en faisant connaître les traditions nomades qui animent la région en évoquant également les magnifiques paysages. Initialement, le site laissait croire que la proposition allait être un grand centre commercial, c’est ce que les gens qui voyaient le site en pensaient. Évidemment, ce n’est aucunement l’intention des concepteurs, ils souhaitaient plutôt en faire un projet qui servirait d’exemple de ce que pourrait devenir la ville de l’avenir pour Ulaanbaatar.
Le souhait du concepteur du Ulaanbaatar Village est que le projet en devienne un sur lequel on peut apprendre, non seulement dans ce pays, mais bien au-delà!
« My hope is that people around the world see the project and it shows them what is possible when projects are built with a strong local focus. »
- Vishaan Chakrabarti
Emplacement du Ulaanbaatar village, par PAU studio (2019)
Dans le but d’éviter les déplacements en voiture le matin et le soir, pour se rendre au travail, le Ulaanbaatar Village mise sur la mixité des usages ainsi que l’interconnexion des villes entre elles à l’aide du transport en commun efficace. Les habitations, le travail, les commerces, les espaces dédiés à la communauté ainsi que les espaces verts et les services se trouvent tous à 20 minutes à pieds les uns des autres.
Le Ulaanbaatar Village encourage la liberté de circulation dans la ville, en proposant un plan non linéaire et non maillé, en rompant avec les typologies de construction traditionnelles. En offrant ainsi une importante liberté de choix aux résidents qui souhaitent se promener entre les immeubles ainsi que flâner dans leur propre ville, leur permettant de vivre le patrimoine nomade malgré l’organisation de la ville. En fait, il n’y a pas de hiérarchie de chemins entre les places publiques qui servent autant de lieu de repos, de sites de vente au détail ou à d’activités de divertissement organisées.
_j.jpg)
Organisation spatiale, schéma par PAU studio (2019)
Intentions conceptuelles, schéma par PAU studio (2019)
Le plan d’aménagement comprend 41 bâtiments, de hauteur moyenne et basse qui peuvent être utilisés de différentes manières pas les résidents et les visiteurs. Il existe deux types de bâtiments : des espaces résidentiels et de travail et des espaces publics dont un théâtre, une épicerie, une maison de jeu en réponse au parc d’attractions adjacent, etc. Des aménagements seront également prévus de sorte à permettre l’appréciation de l’art locale et des traditions nomadiques.
Plan proposé, par PAU studio (2019)
Mixité des usages, schéma par PAU studio modifié par les auteurs
Le village répond à son environnement naturel de diverses façons en proposant des solutions adaptées au climat continental de la Mongolie. Tout d’abord, les bâtiments, de par leur disposition et leur forme, permettent de moduler l’exposition solaire tout réduisant les effets du vent et en augmentant les gains solaires. Avec la présence d’un grand stationnement souterrain, la dalle structurante sur laquelle le village est construit est donc légèrement chauffée. L’implantation d’un réseau de chauffage géothermique permet de desservir les bâtiments en termes de chauffage.
Ensuite, les toits ondulés et inclinés ainsi que les couleurs chaudes du béton et des pierres font un rappel du paysage majestueux environnant en proposant une version moderne de ce que les mongols ont connu pendant les siècles auparavant. Le but est d’offrir une architecture vernaculaire mongole intégrée à une technologie de construction avancée. Rappelons-nous également que le but ultime du Ulaanbaatar Village est de monter au monde qu’il est possible de faire des projets urbains et de répondre aux besoins d’une ville d’origine nomade de sorte que le projet soit accepté par la communauté.
La forme des bâtiments permet d’abord de réduire les pertes de chaleur mais également de créer des espaces publics collectifs riches et à l’abris des grands vents, par PAU studio (2019)
Coupe bioclimatique du projet, orientation solaire, protection des vents, stationnement souterrain et système de géothermie, par PAU studio (2019)
Le Ulaanbaatar Village propose une variété d’espaces publics collectifs propices à différents types de rassemblements. Certains de ces espaces sont couverts, à l’abri des intempéries, d’autres non, permettant d’offrir de l’ombrage en saison chaude tout en permettant les gains solaires en saison froide. Leur emplacement et configuration ont été pensés en tenant compte de certaines considérations environnement en proposant des stratégies passives pour offrir des places publiques confortables et riches. Tout d’abord, l’emplacement de celles-ci est prévu de sorte à les protéger des verts nord-est froids en plus de favoriser une exposition avantageuse pour les gains solaires.
Quelques propositions de configuration d'espaces publics collectifs , par PAU studio (2019)
Espace couvert à même l’espace public, permettant une protection des intempéries, par PAU studio (2019)
Espace public collectif propice aux rassemblements lors d’activité de divertissement organisé, par PAU studio (2019)